L’étape du jour : Saint-Gaudens – Peyragudes (129,7 kilomètres)
Ça va piquer dans les mollets, mercredi, lors de la 17e étape entre Saint-Gaudens et Peyragudes, premier des deux gros rendez-vous du Tour avec les Pyrénées. Si, la veille, le Mur de Péguère a constitué un bel échauffement, que dire du menu du jour ? Une étape courte, de 129,7 kilomètres seulement, à travers les routes de Haute-Garonne et des Hautes-Pyrénées. Mais une étape qui promet d’être très nerveuse avec programmés, dans les 76 derniers kilomètres de course, quatre ascensions et 4 000 mètres de dénivelé.
Dans l’ordre, le col d’Aspin (1concernant catégorie ; 12 kilomètres à 6,5 %), un classique de la Grande Boucle (passages soixante-quatorze), suivi de la Hourquette d’Ancizan (2e catégorie ; 8,2 kilomètres à 5,1 %), assez roulante, du col de Val-Louron-Azet (1concernant catégorie ; 10,7 kilomètres à 6,8 %) et de l’ascension finale vers l’altiport de Peyragudes (1concernant catégorie ; 8 kilomètres à 7,8 %) où le maillot jaune Jonas Vingegaard et son dauphin au classement, Tadej Pogacar, vont pouvoir se mesurer dans les tous derniers kilomètres. Et dire que, le lendemain, ils remettent ça, en plus raide encore…
Les pronos
LA RAISON
Et s’il tuait tout suspens sur ce Tour, vingt-quatre heures plus tôt que prévu ? Alors que tout le monde s’attend à la grande explication avec Tadej Pogacar, jeudi, dans l’ascension du Hautacam, Jonas Vingegaard place une attaque franche dans le dernier kilomètre, à 16 % de l’ascension, après un gros travail de Wout van Aert, l’homme à tout faire de la Jumbo-Visma, au pied de Peyragudes. Résultat : le Slovène est éloigné dans les derniers hectomètres et repoussé au classement général. Le lendemain, le Danois n’a plus qu’à coller « Pogi » aux basques pour s’assurer la victoire finale.
LE CŒUR
Mal récompensé de ses efforts jusqu’à présent, Romain Bardet s’échappe dans la descente d’Azet, très raide et technique, avec le Britannique Thomas Pidcock, qui excelle dans l’exercice. Les deux hommes attaquent l’ascension de Peyragudes avec une grosse minute d’avance sur le groupe maillot jaune. L’Auvergnat lâche son compagnon d’échappée pour aller cueillir sur l’altiport de la station la première victoire française sur ce Tour. Un succès qui le remplace à la deuxième place au général et qui entretient l’espoir d’un premier triomphe tricolore sur les Champs depuis Bernard Hinault en 1985.
La décla
« Cela ne nous est jamais arrivé de terminer à trois un Tour de France. C’est un Tour tristounet pour nous »
Vincent Lavenu, le manager de l’équipe AG2R, était un peu désappointé mardi matin au départ de la 16e étape, à Carcassonne. Deux de ses coureurs, les Français Mikaël Cherel et Aurélien Paret-Peintre, répondants positifs au Covid-19, ont été contraints de quitter le Tour de France. Leur retrait est venu s’ajouter aux abandons de l’Australien Ben O’Connor, blessé, et du Belge Oliver Naesen, malade, ainsi qu’au départ du Français Geoffrey Bouchard dès le 9 juillet, lui aussi reconnu positif.
« Heureusement que Bob Jungels nous a réussi une très belle étape [à Châtel, en Haute-Savoie]. C’est la satisfaction de ce Tour 2022 »un choisi du philosophe Vincent Lavenu, tout en ajoutant qu’« il nous reste encore quelques jours pour batailler ». Les trois rescapés, le Luxembourgeois Bob Jungels, le Français Benoît Cosnefroy et le Belge Stan Dewulf savent ce qu’il leur reste à faire.
Détour du Tour
Le peloton, accablé par les fortes chaleurs de ces derniers jours, pourrait y piquer une tête. Mais les eaux cristallines du lac de Payolle, qui se découvre au kilomètre 73,1 de cette 17e étape, entre le col d’Aspin et la Hourquette d’Ancizan, pourrait n’être qu’une tentation tant la course promet d’être nerveuse. Passer si près d’un petit paradis, sans pouvoir y goûter : une torture pour des hommes qui ont déjà parcouru plus de 2 700 kilomètres depuis Copenhague.
Les suiveurs du Tour pourraient, eux, trouver matière à détente dans ce coin de verdure perché à 1 139 mètres d’altitude, surnommé « le Petit Canada », avec les sommets des Pyrénées en arrière-plan. Le Britannique Steve Cummings avait, lui, signé sur les rives du lac de Payolle l’une des plus belles victoires de sa carrière, en remportant la 7e étape du Tour 2016, un après avoir martyrisé les Français Romain Bardet et Thibaut Pinot sur l’aérodrome de Mende.
Dans le rétro
Située à proximité des Pyrénées, Saint-Gaudens a déjà été à quatorze reprend ville-départ du Tour. Le 14 juillet 1970, le peloton s’élance de la sous-préfecture de Haute-Garonne, direction La Mongie. Bernard Thévenet découvre l’épreuve à 22 ans. Le coureur de l’équipe Peugeot a déjà montré quelques qualités de grimpeur, mais il est déjà bien heureux lors de cette 18e étape de suivre les Merckx, Van Impe et Zoetemelk dans la montée finale, surtout après sa chute plus tôt dans la journée.
Mais un homme vient lui glisser quelques mots à l’oreille. Il s’agit de Robert Chapatte. Viré de l’ORTF après la grève de 1968, l’ex-cycliste commente la course depuis la moto d’Europe 1. Chapatte lance au jeune Thévenet d’attaquer : « Regarde, ils sont tous cuits, attaquent, tu vas gagner l’étape ! » Le Français s’exécute – « pour moi, c’était Chapatte quand même » – et s’en va cueillir sa première victoire d’étape. Cinq ans plus tard, le journaliste retrouve le micro d’Antenne 2 et commente le premier Tour remporté par Thévenet (qui sera suivi d’un second en 1977).
La voiture balai
Il a fait chaud sur la route du Tour ce mardi, mais pas que sur la route. A Foix, le centre de presse a pris des allures de sauna sous le toit du club de tennis local. Des corps transpirants, des mains moites et des ordinateurs en surchauffe. Après un déjeuner dont nous avons influencé la qualité et la généreuse dans le live (magnifique cuisson au barbecue de l’épaule d’agneau), certains confrères un rien repus et accablés par la chaleur ont déplacé des tables et télés pour organiser une sorte de « contre-journée » à l’extérieur du hangar.
L’occasion de suivre presque à la fraîche la belle victoire de Hugo Houle ou de souffrir avec Romain Bardet, le tout avec la rivière Ariège en contrebas. Certain(e)s se sont même laissé(e)s tenter par un petit bain de pieds. Foix remporte les mains en haut du guidon le titre de l’étape la plus bucolique de ce Tour de 2022. Promis, on revient très vite.
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