Pas de col du Tourmalet ni de montée de Luz Ardiden : cette année, les organisateurs du Tour de France ont décidé d’innover dans les Pyrénées. Les coureurs de la Grande Boucle vont grimper pour la première fois le col de Spandelles, jeudi 21 juillet, placé entre le redouté col d’Aubisque et l’arrivée particulièrement pentue à Hautacam. Et si les favoris à la victoire finale n’ont pas manqué de le reconnaître, beaucoup de coureurs le découvriront.
Entre 32 et 36 minutes. Voilà le temps mis par Pierre Rolland, le plus rapide, et son coéquipier Franck Bonnamour, lors de leur reconnaissance du col de Spandelles, en mai dernier. Les deux coureurs font partie de quelques uns à s’être entraînés sur cette montée inédite du Tour de France, longue de 10,3 kilomètres, avec un pourcentage moyen de 8,3%. “Ils étaient en train de refaire la route quand nous l’avons reconnue, et il y avait beaucoup de gravillons. Je pense qu’avec une nouvelle route, ça ira mieux”espère Franck Bonnamour.
Ancienne route communale, la voie dépendante du village de Ferrières au sommet du col de Spandelles a récemment été requalifiée en route départementale, lui permettant d’accueillir le Tour de France. Le sentier n’a que très peu été emprunté par des courses cyclistes et Nairo Quintana, qui l’a déjà gravi lors de l’une de ses premières victoires en sur la Route du Sud, en professionnel 2012, ne sera pas nécessairement avantagé, il n’en a gardé aucun souvenir. Quatrième au classement généralle coureur colombien et son équipe n’ont pas non plus reconnu le col avant ce Tour de France.
Pour son coéquipier chez Arkea-Samsic, Maxime Bouet, cette absence de reconnaissance ne sera pas toujours un problème pour les coureurs. “Aujourd’hui, on a beaucoup d’appareils et de logiciels qui permettent de se rendre compte de la difficulté des cols. Chez Arkea, comme dans beaucoup d’équipes, on use le site VeloViewer, qui montre bien la difficulté, la pente et la largeur de la route, explique-t-il. Ensuite, sur nos compteurs, on rentre le profil de la route, et pendant la course, on peut savoir ce qui nous attend dans les 500 prochains mètres ou sur le prochain kilomètre, donc ça nous permet de nous rendre compte de la pente”.
Le coureur français de la Cofidis, Anthony Perez, appréhende davantage la descente : “Quand tu ne connais pas, c’est plus difficile de faire la descente que la montée. En montée, tu grimpes sans te poser de question, mais en descente, quand tu roules à 80 km/h, tu peux vite aller dans le ravin. On va en parler au briefing, avec une vue GPS du dessus, pour voir d’éventuels lacets, la pente et le revêtement”.
Finalement, le coureur qui connaît et parle le mieux de ce col de Spandelles n’est pas présent sur le Tour de France. Matthieu Ladagnous, coureur de la Groupama-FDJ, y passe régulièrement : “Ce n’est pas loin de la maison, donc ça fait partie de mes routes d’entraînements. C’est un col qui n’est pas très long, mais il est assez pentu, assez irréguliers, avec des passages raides et d “autres plus plats, mais qui ne durent pas longtemps. C’est une route sauvage, étroite, le revêtement est assez granuleux, ce n’est pas un billard”.
Dans les derniers mois, le coureur s’y est retrouvé moins seul qu’à l’accoutumée, puisque plusieurs équipes y ont envoyé leurs leaders en reconnaissance. “Les derniers qui y ont été vus sont Rafal Majka et Tadej Pogacar”assure-t-il.
Le Slovène profitera-t-il de ce col inédit sur cette dernière étape de montagne pour tenter de rattraper son retard sur le maillot jaune, Jonas Vingaard ? “Le col va faire mal à tout le monde et c’est certain qu’on peut y perdre beaucoup de temps“, prévient Matthieu Ladagnous